UKRAINE : FACE A LA MENACE RUSSE, LES ETATS-UNIS MISENT SUR LA SECURITE

Le gouvernement américain a ordonné aux familles de ces diplomates, installées à Kiev, de quitter le pays. Une décision qui ne fait pas l’unanimité dans l’Occident. Alors que la pression de Moscou s'intensifie en Ukraine.

Des soldats prorusses à Donetsk, en Ukraine.

PHOTO : BAZ RATNER / REUTERS

En Ukraine, la situation "est imprévisible et peut se détériorer à tout moment", assure le ministère américain des Affaires étrangères. Dimanche 23 janvier, le gouvernement américain a ordonné aux familles des diplomates de quitter le pays “en raison de la menace persistante d’une opération militaire russe”. Washington déconseille les voyages en Russie. Le gouvernement américain craint “une application arbitraire des lois locales” par la police russe ou encore "la possibilité d'un harcèlement des citoyens américains". "La Russie pourrait lancer une offensive militaire à tout instant et le gouvernement américain ne serait alors pas en mesure d'évacuer ses citoyens", a déclaré la chargée d’affaires américaine Kristina Kvien - elle ne quittera pas Kiev. Une décision qui fait débat au sein de l’Occident.

Londres s’aligne sur les américains

"Selon nos informations, le gouvernement russe cherche à installer un dirigeant prorusse à Kiev, tandis qu'il envisage d'envahir et d'occuper l'Ukraine", a déclaré la ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss, le samedi 22 janvier. Une déclaration qui alimente les tensions entre l’Occident et Moscou. A l’instar des américains, “certains membres du personnel de l’ambassade sont en train de se retirer de Kiev en réponse à la menace croissante de la Russie”, a expliqué le ministère des Affaires étrangères britannique. Ce dernier a également affirmé que des agents de renseignement russes avaient été en contact avec plusieurs anciens hommes politiques ukrainiens dans le cadre d’un projet d’invasion. Ces affirmations rejoignent certaines informations américaines. Le 20 janvier dernier, Washington avait imposé des sanctions à quatre Ukrainiens, dont deux députés, accusés de travailler avec les services secrets russes, invoquant leurs "activités déstabilisatrices" en Ukraine.

L’Union Européenne ne tremble pas

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken (à gauche), et le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, à Genève, le 21 janvier 2022. ALEX BRANDON / AP

“Je pense qu'il ne faut pas dramatiser la situation et que nous devions quitter l'Ukraine, à moins que les Etats-Unis ne nous fournissent des informations qui justifient cette décision", a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. L’Union Européenne ne souhaite pas suivre la route empruntée par les Etats-Unis. "Blinken va nous expliquer" cette décision, a commenté Josep Borrell. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken doit intervenir, ce lundi, lors d’une visioconférence avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE. Il doit informer les représentants européens de ses discussions avec son homologue russe Sergueï Lavrov. "Nous n'avons pris aucune décision pour demander le départ des familles de nos diplomates d'Ukraine, à moins que Blinken ne nous fournisse des informations justifiant un tel mouvement", a conclu Josep Borrell. A l'issue de cette visioconférence destinée à montrer l’unicité face à la menace russe, l’UE pourrait prendre une décision similaire à celle des Etats-Unis.

Marion Deygas